Des souvenirs peu réjouissants pour nos anciens, un peu d’histoire pour les plus jeunes.
Le début de la Seconde Guerre mondiale voit l'application d'un plan d’évacuation des populations civiles de la « zone rouge » de la ligne Maginot. Ce plan a été mis en place pour préserver les civils en cas de guerre et d'occupation, et pour laisser le champ libre aux mouvements des troupes.
25 août 1939 : ordre préparatoire annonçant aux maires l’éventualité d’une évacuation prochaine.
1er septembre 1939 : ordre d’évacuation immédiate
Entre le 1er septembre 1939 et le 10 mai 1940, les habitants de 300 communes de Moselle, du pays de Bitche à Thionville en passant par Boulay, reçoivent l'ordre de quitter leur foyer pour éviter l'offensive attendue de l'armée allemande.
300 000 Mosellans quittent ainsi leur maison pour rejoindre les départements de la Vienne, de la Charente, de la Charente-Maritime (Charente-Inférieure, à l'époque), et dans une moindre mesure de la Loire, de la Saône-et-Loire et du Pas-de-Calais.
Les évacués ne devaient emporter qu’un bagage à main, des vivres pour quelques jours, une ou deux couvertures.
Les évacués se rendirent dans un premier temps dans un centre d’accueil situé à une distance de 50-60 km au sud de leur point de départ. Il leur fallut pratiquement trois jours pour y parvenir car la plupart devaient se déplacer en utilisant leurs propres moyens de locomotion : à pied, à bicyclette, avec des chariots de ferme.
Quelques privilégiés purent utiliser une automobile non réquisitionnée par l’armée.
Ils furent hébergés pendant plusieurs jours et de manière assez primitive dans ces centres. Il fallut abandonner les divers véhicules ainsi que leurs bêtes avant d’emprunter les trains, bien souvent des wagons de marchandises pour arriver après plusieurs jours de transport vers les différents départements d’accueil.
Certains maires des communes d'accueil font vite face à de nombreux problèmes d'intégration, différents dialectes et coutumes, mais aussi à des problèmes matériels.
Les capacités d’accueil de leur ville sont nettement insuffisantes face aux réfugiés (en majorité des vieillards, infirmes, femmes et jeunes enfants) arrivés en deux jours.
Durant cet exode, sept mariages, quatre décès et une naissance de willerwaldois ont été consignés dans le registre des actes d’état civil de Salles d’Angles.
Retour au 'pays' , octobre 1940
En octobre 1940, les Willerwaldois reviennent dans leur village.
Le voyage du retour sera long. L'arrivée dans le village laissera place à des images de tristesse et désolation, en découvrant les ruines.
Témoignages
Quelques commentaires recueillis auprès de Maya, Mathilde, Lucie, Cécile, Louise, Albert, … jeunes enfants au moment de l’exode :
« Nous sommes partis avec un sac à dos : quelques vêtements, un peu de nourriture »
« Nous étions au moins 3 familles, à vivre côte à côte, dans les dépendances du château »
« J'avais 3 ans, j ‘’étais assise sur le chariot lorsque nous sommes partis ».
« Que va-t-on emmener ? Que va-t-on laisser ? »
« Il fallait se dépêcher, et tout préparer en 2-3 heures »
« Je me rappelle, ma soeur de 3 ans était d’un côté du landau, moi, 5 ans de l’autre côté et le bébé de 5 mois couché dans le landau. Notre papa n’avait pas pu nous accompagner ».
« Nous n’avons pas été bien accueillis. Les gens
de la Charente savaient que vous venions de régions frontalières et nous prenaient pour des allemands.
Nous avons effectivement des difficultés
de langue. Les relations avec les gens allèrent de mieux en mieux ».
« Il fallait emballer le strict nécessaire et cacher
les objets de valeur »
«Accueil très bon, très chaleureux »
« Des difficultés ont toujours existé, mais l’accueil des charentais était bon »
« Le retour en Moselle était encore plus dur. On avait tout perdu »
Retrouvez ci-dessous en téléchargement le récit de M. Paquin, Curé de Willerwald.